Avis aux lecteurs : cette B.R.M V12-44 n'est pas proposée en série par la marque. Elle a été conçue à partir du configurateur disponible sur le site B.R.M.
Cette pièce nous a été confiée par Cresus, spécialiste dans la vente et l'achat de montres de luxe.
B.R.M et les montres de pilotes automobiles
B.R.M, pour Bernard Richards Manufacture – du nom de son créateur, est l'une des seules marques horlogères revendiquant haut et fort des origines françaises.
Bien sûr, hormis quelques mouvements maison – dont un exotique bi-rotor, les mouvements sont d'origine suisse.
Mais la petite manufacture fabrique ses boîtiers et assemble ses montres dans la région parisienne.
Passionné de sports mécaniques, Bernard Richards a su donner une identité claire à sa marque dont l'ensemble des créations évoquent de manière indiscutable la course automobile.
Chaque modèle semble ainsi davantage sortir d'un atelier proto ou d'un garage que d'une sage manufacture horlogère à la mode suisse.
Les boîtiers évoquent dès lors des éléments de moteur (pistons, culasse...) alors que les cadrans reprennent les codes esthétiques des carrosseries de bolides.
Le design, pleinement assumé par la marque, est sans compromis.
Résultat ? Des montres au caractère très affirmé et un look immédiatement reconnaissable dans la production horlogère actuelle.
Enfin, comme toutes les montres à forte personnalité, les montres B.R.M déclenchent les passions : il y a ceux qui aiment et ceux qui détestent !
Un design et une finition horlogèrement et délibérément incorrects
Point de filtre à particule et encore moins d'assistance électronique, une B.R.M offre des sensations brutes de décoffrage, fortes en CO2 et sans souci du politiquement / horlogèrement correct.
Il faut vraiment avoir conscience de cette volonté de transposer les codes de l'univers automobile à celui des montres pour apprécier une B.R.M.
Les standards horlogers classiques sont ici délibérément relégués au second plan : la finition du mouvement est à peu près aussi poussée que celle d'un V8 US de la grande époque.
Quant à la finition des cadrans, elle est plus proche d'une carrosserie recouverte de stickers que d'un délicat travail de guillochage.
La V12-44 ne déroge pas à la règle.
Ses index cerclés de blanc ne dépareilleraient pas sur les flancs d'une Jaguar Type E ou d'une Alpine.
La date est quant à elle cerclée à la manière d'une trappe à essence de course et les graduations rouges sur la deuxième moitié du cadran évoquent la zone rouge d'un compte-tour.
Le cadran en carbone est lui aussi bien dans l'esprit racing même s'il semble ici pour le coup légèrement anachronique – sachant qu'il s'agit d'un modèle configuré par un client de la marque et pas d'un modèle de série.
Le carbone est en effet synonyme de bolides hi-tech type F1, alors que la V12-44 évoque plus des automobiles classiques des années 60-70... époque à laquelle il n'y avait pas de carbone dans les voitures.
Un boîtier PVD en forme de piston
Le boîtier en acier traité PVD, en forme de piston, est entièrement usiné dans la masse.
Les cornes ajourées sont vissées mais non articulées.
C'est un petit peu décevant : une bonne voiture, c'est aussi de bonnes suspensions.
Et des cornes articulées contribueraient au confort de la pièce tout en jouant la carte de la cohérence.
Bien sûr, ce boîtier est ajouré comme toute B.R.M qui se respecte, évoquant ainsi la chasse aux grammes superflus d'un châssis de compétition.
Mais cet exercice est ici uniquement conceptuel et esthétique.
La V12 n'est en effet pas particulièrement légère avec son boîtier acier de 44 mm et ses 113 grammes – ni spécialement lourde au demeurant – et les quelques grammes gagnés grâce aux trous sont anecdotiques. Mais ils contribuent fortement au look de ce chronographe.
Notons au passage la très belle boucle ardillon – le parent pauvre trop souvent bâclé par les marques.
B.R.M fait clairement un effort de ce côté en proposant une boucle en forme de pédalier de course composée de 12 pièces – contre 3 ou 4 pièces chez la plupart des concurrents.
Dans la mesure où cette montre a été conçue sur le configurateur du site B.R.M, vous pouvez faire le choix d'une boucle avec traitement PVD afin de conserver à la montre un look cohérent.
La B.R.M V12-44 est motorisée par un ETA 7753, une variante du célèbre ETA 7750.
Seule la position des compteurs – ici en 3-6-9 contre une position en 6-9-12 pour le 7750 – et de la date (ici à 4h) les différencient.
La famille des calibres 7750 est réputée pour son excellente fiabilité et sa robustesse.
Ce mouvement ne devrait ainsi poser aucun problème entre 2 révisions / vidanges.
Le rotor est basiquement décoré. Le reste est brut de décoffrage.
Même si le but de la marque n'est pas de réaliser une prouesse en termes de finition horlogère, un petit effort – ou un fond plein – eût été le bienvenu...
Enfin, poussant le concept automobile à son paroxysme, le bracelet en alligator surpiqué orange de belle facture donne un aspect luxueux à l'ensemble.
Il correspond sans doute à l'option cuir étendu – une option qui permet, moyennant finance, d'avoir un beau cuir sur le tableau de bord de votre automobile à la place du plastique, pas toujours très heureux...
Au quotidien
Au poignet, cette B.R.M V12-44 est aussi discrète qu'un démarrage à fond de première en Ford GT40 avec lignes inox non homologuées.
Mais c'est aussi ça qui fait son charme et c'est ce pour quoi vous l'achèterez.
Le confort au quotidien est bon, les cornes assez plongeantes permettant à la montre de bien se positionner sur le poignet.
La lisibilité diurne est également bonne malgré ce cadran chargé.
La lisibilité nocturne est quant à elle quasiment inexistante en dépit de quelques touches de Super-LumiNova qui restent trop discrètes.
Conclusion
La V12-44, comme toute B.R.M, ne laissera personne indifférent et suscitera des avis très tranchés.
Son esthétique colorée et ses finitions au démonte-pneu choqueront ceux qui la regardent avec un oeil horloger.
A l'inverse, son caractère sans concession et la multitude de petits clins d'oeil adressés aux sports automobiles raviront les passionnés de courses qui sauront apprécier la transposition judicieuse à une montre des codes de cet univers bitumé...
Les + :
- la cohérence du design
- un caractère affirmé
- une marque qui produit des petites séries made in France
- une marque qui assume pleinement son positionnement
Les – :
- des finitions très brutes pour l'amateur de montres standard
- la lisibilité nocturne
Informations complémentaires :
- la B.R.M. V12-44 testée et photographiée dans cet Essai est un exemplaire unique, commandé depuis le configurateur du site de la marque
- poignet du rédacteur / testeur = 17 cm
Commentaires 8
Pour ma part, beaucoup de mal avec un calibre Valjoux 7750 sur une montre à 6k€, calibre que l'on retrouve chez Hamilton à 1200€....
Après avoir offert une brm a mon époux en janvier 2013, je suis très déçue car le bracelet n'a pas tenu (en octobre2013) , alors qu'il ne la porte qu'occasionnellement , lorsqu'on contacte brm la seule réponse c'est il faut en acheter un autre, pas très commercial pour une montre de ce prix. 1er achat et dernier, pour nous.
Admettons, il y a une part de subjectivité dans l'achat d'une montre...mais je trouve toujours étonnant des montres vendues plus de 5000€ équipées de calibre que l'on retrouve sur des montres à moins d'un tiers de ce prix. Parfois, pour une poignée d'euros supplémentaires, il vaut mieux attendre et craquer pour un calibre manufacture.
Je ne suis vraiment pas fan et ce, à tout point de vue : look, finition, prix, ... Pour moi, on frôle l'arnaque marketing.
Je trouve ces montres très sympas, voire amusantes. Mais à presque 6K€, il m'en faut plus. Je ne suis sans doute pas dans la cible.
Article très sympa et bien dans l'esprit de BRM : une marque à forte personnalité qui fait des montres au look décalé. Moi, ça me plait même si ça fait souvent hurler les amateurs de montres "classiques" !
Je ne suis pas non plus fan du modèle. Mais j'aime l'esprit de cette marque. Et il existe une vraie communauté d'amateurs de BRM.
J'ai vraiment beaucoup de mal avec ce concept de la montre "mécano"...
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