Dossiers thématiques Montres JEANRICHARD : une seconde vie sous l’impulsion de Kering (ex-PPR)

Nouvelles collections et prix publics ajustés... L'actualité de JEANRICHARD relève d'un pari ambitieux : lancer en 2013 une marque de montres dont les origines remontent au XVIIè siècle. Explications.

Diaporama = 13 photos
+ Partez à la découverte du nouveau catalogue et des prix JEANRICHARD

JEANRICHARD : une histoire en dents de scie

Bref retour en arrière : Daniel Jeanrichard nait en 1665 dans le hameau des Bressels, situé à mi-chemin entre La Chaux-de-Fonds et Le Locle.
Selon les rares documents d’époque, la légende raconte qu’à l’âge de 15 ans, on lui confie une montre qui ne fonctionne plus afin que le jeune homme, réputé pour son habileté, la répare.

Montre JEANRICHARD Aquascope cadran noir finition satiné-vertical - Prix public = 3.300 € (collection 2013).

Après avoir créé les outils nécessaires à sa conception, il se lance dans la réalisation d’une pièce similaire qu’il achève en 1681. Il entreprend dès lors la réparation d’autres montres et fonde son atelier.

Soucieux de la transmission de son savoir, il va former de nombreux artisans localement ainsi que ses fils qui reprendront le flambeau.
L’empreinte de Daniel Jeanrichard dans la région, en tant que fondateur de l’industrie horlogère neuchâteloise, est telle qu’une statue à son effigie est dressée au Locle en 1888.
Mais passée cette heure de gloire, le nom – on ne peut pas parler de marque à l’époque, celle-ci n’étant pas déposée – tombe dans l’oubli.

C’est ensuite une histoire en dents de scie qui s’apparenterait presque à un électroencéphalogramme plat… jusqu’en 1980 quand Luigi Macaluso rachète JeanRichard à la Nouvelle Lémania.
Il créé ensuite le Sowind Group en 1987 et devient actionnaire de Girard-Perregaux (GP) pour en devenir pleinement propriétaire en septembre 1992.
Le nouveau maître des lieux met l’accent sur le développement de GP, laissant JEANRICHARD dans l’ombre de sa grande sœur.

Montre JEANRICHARD Aeroscope en titane et revêtement DLC - Prix public = 4.800 € (collection 2013).

C’est ensuite l’entrée de PPR au capital de Sowind Group en 2008 – le groupe est constitué de 2 marques de montres et d’une manufacture qu’elles se partagent (voir nos photos) – qui en devient actionnaire majoritaire en 2011.
Le Groupe, rebaptisé Kering depuis, hérite ainsi, avec JEANRICHARD, d’une marque parfaitement inconnue du grand public et qui ne suscite pas forcément l’enthousiasme des collectionneurs…

Deux opportunités se présentent dès lors au nouveau propriétaire : laisser mourir la marque ou lui donner une seconde – et vraie – vie.

C’est bien entendu dans cette deuxième voie que Sowind Group, dirigé par Michele Sofisti, s’engage avec un véritable challenge assez peu commun : comment lancer / créer une marque de montres vieille de plus de deux siècles que (presque) personne ne connait ?

Bruno Grande prend les manettes de la future marque JEANRICHARD et s’attaque avec ses équipes en premier lieu au cœur de ce pari un peu fou : créer des collections de montres à l’identité forte – et distinctes de Girard-Perregaux.

Quelques mois après son arrivée, ce sont 4 gammes clairement définies et simples qui sont dévoilées aux professionnels et au grand public à l’occasion de BaselWorld 2013 : 3 collections de montres plutôt sportives avec les Terrascope, Aquascope et Aéroscope et une collection classique avec la famille des 1681, lien entre le passé de la marque et son avenir.

 

Collection JEANRICHARD 2013 : des montres au design fort

Quand on demande à Bruno Grande à l’origine de quelles montres contemporaines il aurait aimé être, il ne lui faut que quelques secondes de réflexion pour citer l’Omega Speedmaster et la Hublot Big Bang, deux montres iconiques et reconnaissables entre toutes.

Bruno Grande, 38 ans, travaille avec ardeur et conviction à la relance des montres JEANRICHARD.

Alors que les montres JEANRICHARD étaient jusqu’à présent dépourvues de la moindre identité, ces nouvelles collections créées sous son impulsion sont facilement identifiables, avec leur boîtier coussin caractéristique et leur design à la fois sportif et masculin.
La construction spécifique de leur boîtier permet par ailleurs à la marque d’agrémenter les nouveaux modèles de finitions alternant différents traitements de surface et revêtements pour un rendu très qualitatif visuellement : finition polie, satiné-vertical, traitement DLC noir de tout ou partie du boîtier… Le champ des possibles est large.

Les cadrans des nouvelles JEANRICHARD ne sont pas pour autant en reste avec notamment, en fonction des références, de beaux cadrans laqués ou des cadrans à la finition satiné-vertical du plus bel effet – sans oublier les nombreuses couleurs disponibles (bleu, gris, aubergine, vert anglais, marron…).

 

Montre JEANRICHARD 1681 en or rose et équipée du mouvement de manufacture JR1090 - Prix public = 18.400 € (collection 2013).

Côté bracelet, la nouvelle équipe pousse le concept jusqu’au bout. Elle décline en effet toute une série de références de couleurs et de matières différentes (caoutchouc, alligator, veau Barénia, autruche…) qui vont permettre aux propriétaires de changer radicalement le look de leur montre en changeant simplement de bracelet.
Ainsi, une Terrascope cadran noir sur bracelet caoutchouc noir, idéale pour les tenues décontractées, passera fort bien en costume / cravate équipée d’un beau bracelet vintage en veau marron par exemple.

Bref, rien n’a été laissé au hasard et le lancement de ces nouveaux modèles est plutôt très réussi, avec des montres au design bien pensé, facilement identifiables, fonctionnelles – la lisibilité diurne est excellente – et bénéficiant d’une belle qualité de réalisation.
Sans oublier le confort, les courtes cornes plongeantes permettant à ces nouvelles collections au diamètre généreux (44mm) de s’adapter à tous les types de poignets.

 

Un rapport qualité / prix bien positionné

Deuxième handicap lourd que devait impérativement surmonter la nouvelle équipe de Bruno Grande pour réussir ce retour sur la scène horlogère : celui du positionnement tarifaire des nouveautés dans un monde où la concurrence fait rage.

Montre JEANRICHARD Terrascope cadran gris laqué - Prix public = 2.600 € (collection 2013).

Les tarifs élevés des anciennes collections étaient le fruit à la fois d’une multiplication des collections – impliquant des coûts de production élevés – et de choix de mouvements pas forcément opportuns – les anciennes JR étant en majorité motorisées par le calibre de manufacture JR1000 lancé en 2004 auquel venait s’adjoindre un module de complication en fonction des modèles.

Bruno Grande fait à son arrivée deux choix judicieux.
Le JR1000 viendra uniquement équiper les collections 1681. Quant aux trois gammes sportives, elles embarqueront des mouvements industriels fiables achetés à l’extérieur – en l’occurrence des Sellita, auxquels viendront le cas échéant s’ajouter des modules de qualité tel que le Dubois Dépraz 2222 pour l’Aéroscope.
Un point commun malgré tout à ces deux gammes de mouvements : les tests de précision et réglage des mouvements restent effectués en interne (voir notre diaporama), dans les locaux de Sowind Manufacture, la manufacture de mouvements que se partagent les deux marques du groupe.

Le deuxième choix stratégique consiste en une rationalisation drastique des nouvelles collections qui bénéficient toutes du même boîtier – exception faite des 1681 Rondes. La marque peut ainsi réaliser des économies d’échelle intéressantes et les impacter sur le prix de vente retail.

Résultat des courses ?
Un rapport qualité / prix très bien positionné avec un tarif de départ à 2.600 € pour la Terrascope.

 

JEANRICHARD, une start-up horlogère ambitieuse

Ce lancement des nouvelles collections de la filiale du Groupe Sowind amène bien entendu la marque sur un terrain concurrentiel nouveau.
Selon Bruno Grande, côté prix, JEANRICHARD se retrouve désormais confrontée à des marques telles que Longines, Baume & Mercier ou encore TAG Heuer.
Pour ce qui est du design, les concurrents seraient plutôt Panerai, Hublot ou encore Bell & Ross.

Bien que désormais équipées de mouvements industriels (à l'exception des 1681), la précision des montres JEANRICHARD est toujours testée (et réglée le cas échéant) dans les ateliers de Sowind Manufacture.

La marque ne cache d’ailleurs pas ses ambitions. Montée à 100 points de vente (dont 40% sur le territoire américain) dans le monde depuis sa reprise en main, elle prévoit de passer d’une production annuelle d’environ 2.000 montres par an à « plusieurs dizaines de milliers dans les années à venir » nous précise Bruno Grande – NDLR : l’appartenance de JEANRICHARD à Kering, groupe coté en Bourse, interdit toute divulgation de données chiffrées précises.

La percée des montres JEANRICHARD sur la scène horlogère ne s’avèrera cependant pas simple dans le contexte économique actuel.
Mais le positionnement tarifaire et le design des produits sauront sans aucun doute séduire une clientèle à la recherche d’une montre de qualité mais indifférente à la notoriété de la marque.

Tous les atouts pour cette seconde vie des montres JEANRICHARD sont en tout cas réunis et l’entreprise, qui fonctionne sur le mode d’une start-up – 12 personnes seulement, le personnel de Sowind Manufacture étant mutualisé avec Girard-Perregaux, a les pieds dans les starting blocks.
Les nouveautés arrivent en boutique et le dernier quadrimestre s’annonce crucial.

Une affaire à suivre…

Découvrir en photos (accompagnées des Prix du neuf et des caractéristiques techniques) les collections JEANRICHARD Terrascope et Aquascope.

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