Dossiers thématiques Breguet Type XX – Histoire d’une montre d’aviateur légendaire

L'Histoire de Breguet, dont le nom a marqué de son empreinte autant la Haute Horlogerie que la conquête des airs, s'illustre au travers d'une lignée de montres d'aviateur emblématiques : les Type XX.

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Breguet : de l’horlogerie à la conquête des airs

Abraham-Louis Breguet (1747-1823), considéré comme l’un des plus grands horlogers de tous les temps, est à l’origine d’un grand nombre d’innovations horlogères tant techniques qu’esthétiques.

Au sein de la société Breguet qu’il fonde en 1775, il est, entre autres, à l’origine d’inventions telles que le tourbillon, le ressort-timbre, le développement de la montre automatique, le spiral Breguet ou encore l’échappement à force constante…

Autant d’innovations majeures qui influencent encore aujourd’hui considérablement l’univers de la Haute Horlogerie.

Montre Breguet Type XX N°1780 : l'un des trois Type XX de première génération avec boîte en or jaune. Pièce vendue le 17 février 1955.

Le public connait sans doute moins aujourd’hui le rôle essentiel joué par Louis Breguet (1880-1955), arrière-arrière petit fils de l’horloger, dans la conquête de l’air et futur co-fondateur de la compagnie Air France.

Pionnier de l’aviation et fondateur de la Société d’Aviation Louis Breguet, celui-ci se lance dès 1907 dans la réalisation d’un gyroplane, premier hélicoptère de l’histoire à s’élever du sol avec son moteur et un homme à bord.

Il construit ses premiers avions biplans en 1909 (pour lesquels il reçoit les premier et deuxième prix du Concours militaire de Reims en 1911), ses premiers hydravions en 1912 et ses premiers bombardiers en 1915.

Les avions Breguet seront plus tard choisis pour équiper la flotte de l’armée française. Mais on les retrouve également en Espagne, au Siam, au Danemark, en Amérique du sud (comme en Argentine, au Brésil ou au Chili)…

L’avion Breguet type XIV joue notamment un rôle capital dans la victoire des Alliés grâce aux missions de reconnaissance et aux raids (bombardements) qu’il permet d’effectuer.

Quelques années plus tard, les avions Breguet effectuent les vols des lignes régulières des premières compagnies aériennes civiles.
Plusieurs avions de chasse ou de reconnaissance Breguet volent encore de nos jours et le nom Breguet a incontestablement marqué de son empreinte l’Histoire de l’aviation civile et militaire dans le monde.

 

Breguet et les montres d’aviateurs

Des montres à l’aéronautique, il n’y avait qu’un pas !

En effet, en parallèle des réalisations aéronautiques sorties des ateliers de la Société d’Aviation Louis Breguet, la Manufacture Breguet met au point dès le début du XXème siècle et surtout dans les années 1950 différents outils de mesure du temps destinés à l’aviation militaire et civile.

Il peut paraître de prime abord étonnant qu’une maison aussi prestigieuse que Breguet, dont on connait l’élégance et la finesse des créations horlogères, se soit mise sur le créneau des montres militaires et plus particulièrement des montres d’aviateurs.

Chronographe Breguet Type XX N°4100 : pièce N°5 de la série de 500 montres commandées en 1958 par L'Aéronautique Navale et livrées en janvier 1960.

Mais l’économie n’est à l’époque pas euphorique et la Maison Breguet, comme tout le secteur du luxe, traverse une passe difficile.

La réalisation de montres militaires et d’instruments destinés à l’aviation, qui répond à une véritable demande de l’armée comme du secteur civil, constitue ainsi une réelle opportunité de nouveau marché pour la Manufacture et une bouffée d’oxygène bienvenue en ces années difficiles.

Ses premiers clients en la matière sont ainsi l’Aviation Américaine dès 1918 et la Société d’Aviation Louis Breguet à partir de 1922.

Il s’agit en l’occurrence de montres-chronographes avec compteurs et tachymètre qui sont soit portés par les pilotes, soit vissés au tableau de bord des avions.

Au fil des années, Breguet livre au monde de l’aéronautique des chronographes toujours plus perfectionnés.

Mais parmi les montres d’aviateur que la Maison a produites tout au long de sa prestigieuse histoire, l’une des plus recherchées par les collectionneurs est incontestablement le légendaire Type XX.

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L’apparition du chronographe Type XX

Au début des années 50, le Ministère français de la Défense lance un appel d’offres, cahier des charges à l’appui, afin d’équiper ses pilotes de montres.
En effet, l’électronique est à l’époque loin d’être embarquée dans les cockpits des avions militaires comme elle l’est aujourd’hui.

Montre d'aviateur Breguet Type XX N°2499 : type XX de 1ère génération (3 compteurs) vendu au CEV de Brétigny le 13 décembre 1956.

Le cahier des charges stipule qu’il doit s’agir d’un chronographe capable simultanément d’être remis à zéro et de nouveau enclenché sans passer par les traditionnelles étapes d’arrêt du chronographe et de remise à zéro. C’est ce que l’on appelle la fonction retour en vol ou flyback, qui va permettre aux pilotes d’effectuer des calculs de trajectoire plus précis (telles que les rondes d’attente avant d’atterrir) – une invention de 1936 signée Longines, aujourd’hui filiale du Swatch Group au même titre que Breguet.

Parmi les autres exigences listées par le Ministère de la Défense de l’époque dans son cahier des charges figurent entre autres un cadran noir agrémenté d’index et d’aiguilles luminescents ; un boîtier d’environ 38mm ; un mouvement mécanique à remontage automatique doté d’une réserve de marche d’au moins 35 heures et la preuve selon laquelle la montre est capable de supporter plus de 300 fois la mise en marche, l’arrêt et la remise à zéro du chronographe.

Les Breguet Type XX acquis par le Centre d'Essais en Vol de Brétigny bénéficiaient d'un marquage. Ici, la N°1 sur les 50 pièces commandées par le CEV en 1956.

La Maison Breguet figure, aux côtés d’Auricoste, de Dodane, d’Airain et de Vixa, au rang des entreprises qui vont répondre à cet appel d’offres ouvert et le remporter – Breguet récoltant quelque 50% de la commande totale passée par l’armée.

C’est ainsi que Breguet livre en 1954 à l’Armée de l’Air Française environ 2.000 chronographes
Type XX, à l’Aéronautique navale 500 pièces marquées – sans doute les plus recherchées aujourd’hui des collectionneurs – en 1958 et, vers 1960, 50 chronographes – et non 500 comme on le lit souvent – au CEV (Centre d’Essais en Vol de Brétigny).
A ces 50 pièces va s’ajouter, le 2 mai 1957, la livraison de 30 chronographes supplémentaires.
Ces 80 pièces seront gravées, au dos, de l’inscription CEV à laquelle s’ajoute un numéro de 1 à 80.

Equipés d’un calibre Valjoux 22 auquel était adjoint un module flyback, le Type XX livré à l’Armée de l’air diffère de la version destinée à l’Aéronautique Navale.

Cette dernière commande une version dotée d’un boîtier interne de protection antimagnétique et d’un compteur 15 minutes.
La version que choisit l’Armée de l’Air comporte quant à elle un compteur 30 minutes et ne bénéficie pas de qualité amagnétique.
Le CEV enfin commande quant à lui deux versions différentes (bicompax et tricompax) équipées toutes deux d’un compteur 15 minutes.

Montre d'aviateur Breguet Type XX N°21326 : type XX de 2ème génération vendu à la Force Aérienne Royale du Maroc le 10 juillet 1975.

En parallèle de ces commandes officielles, Breguet proposera également des versions civiles de ses Type XX et fera figurer le modèle à son catalogue.
Ainsi, quelque 2.000 chronographes seront vendus entre 1954 et 1970 à des pilotes civils notamment.
Pour l’anecdote et demeurer dans le registre de la montre d’aviateur, c’est en 1954 qu’apparaît au catalogue Rolex la GMT-Master.

Pour la petite histoire, les montres en fin de carrière devaient, selon la procédure établie, être restituées par les pilotes à l’administration militaire qui procédait à leur destruction en les immergeant dans un bidon d’acide…

Mais au-delà des Breguet Type XX qui sont passés, d’une manière ou d’une autre, entre les mailles du filet de la destruction, il était de tradition que les pilotes ayant frôlé la mort en mission – en s’éjectant par exemple de leur avion – étaient autorisés à conserver leur équipement, y compris leur Type XX.

Des pratiques qui expliquent d’une part la rareté des Breguet Type XX mais également leur prix élevé sur le marché de l’occasion ou dans les ventes aux enchères – un Breguet Type XX marqué CEV N°1 s’est d’ailleurs adjugé 78.000 € (hors frais !) lors d’une vente aux enchères en avril 2010 chez Drouot…

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Chronographe Breguet Type XX
Une large et prestigieuse descendance

Breguet va ensuite décliner les versions civiles, pour le plus grand bonheur des amateurs et collectionneurs de montres.

Montre Breguet Type XX - Référence 3820ST/H2/SW9 - Boîte et bracelet acier - Collection actuelle.

Toujours équipés de la fonction retour en vol, les modèles ultérieurs seront agrémentés de différentes lunettes tournantes, remontoirs et cadrans, les références étant ou non dotés d’un totalisateur des heures.

En résumé, il existe ainsi trois générations de Breguet Type XX.

La première, qui remonte aux années 50 et se poursuit jusqu’à la fin des années 60, se distingue par sa boîte en acier brossé et ses attaches de bracelet légèrement galbées.

La deuxième, produite au cours des années 70 et 80, dispose d’un boîtier légèrement plus massif en acier poli et d’attaches de bracelet plus angulaires.

La production du Breguet Type XX connait ensuite une interruption entre 1985 et 1995.

Et c’est justement en 1995 qu’apparaît la troisième et dernière génération.

Lancée afin de célébrer la collaboration horlogerie-aviation qui caractérise Breguet, elle se distingue par son boîtier à carrure cannelée et embarque pour la première fois un mouvement mécanique à remontage automatique.

Breguet Type XXII 3880 ST 10Hz : nouveauté dévoilée par la Manufacture à l'occasion de BaselWorld 2013.

Les toutes dernières descendantes de cette prestigieuse lignée sont les Breguet Type XXII que la Manufacture a dévoilées à l’occasion de la Foire de Bâle 2012 pour la version en acier et 2013 pour la version or rose.

Toujours équipés de la fonction flyback, ces chronographes, qui font appel à la technologie du silicium – matériau dans lequel sont réalisés le spiral, la roue d’échappement et l’ancre, associent la prestigieuse Histoire de la marque aux dernières avancées technologiques de la Manufacture.
Ces chronographes sont ainsi motorisés par le calibre Breguet 589 F, qui bat à la fréquence de 10Hz – soit 72.000 alternances par heure (versus 28.800 pour la plus grande majorité des mouvements).
Cette fréquence élevée, qui améliore la précision chronométrique de la montre, permet surtout la mesure et l’affichage de temps plus courts – en l’occurrence jusqu’à 1/20ème de seconde contre 1/8ème de seconde pour un calibre battant à 28.800 alternances par heure.

Breguet Type XX : une histoire qui s’écrit depuis 1954…

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1 Commentaire
Jungo Gilles : Bonjour, Il manque dans votre histoire le lien entre la maison Breguet et la maison Mathe-Tissot qui a produit les 2000 montres en sous traitence pour Breguet qui n'avait pas la capacité de les produire à l'époque.

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